Bonne-Maman et Le Corbusier
2018, 58mn
L’appartement de Bonne-Maman a brûlé entièrement mais puisque c’est l’éminent Le Corbusier qui l’a conçu, des experts le reconstruisent « à l’identique ». Au fil du chantier et du quotidien de ma grand-mère, qui y vit depuis 60 ans, le film nous raconte avec humour l’histoire de la mythique Cité Radieuse de Marseille.
Production
- Les films de l’œil Sauvage
Co-productions
- Tita Productions, Télé Paese & Le Fresnoy
Festivals
- Festival International du Film sur l’Art de Montréal, Mois du Doc, Image de ville, Rotterdam Architecture Film Festival, Winnipeg Architecture Foundation Festival, Open Design Collaborative Saskatoon, Copenhague Architecture Festival, Territoires en Image, Festival Après Varan, Seoul International Architecture Film Festival, Milano Design Film Festival, Munich Architecture Film Festival
Soutiens
- CNC FSA, Région PACA, Procirep-Angoa, Mission du patrimoine DAPA, Brouillon d’un rêve (SCAM)
Mon film s’ouvre sur la perte de mon Corbusier, celui habité par ma grand-mère depuis soixante ans, avec ses murs moquettés aux odeurs de Frita Tchouchouka, ses boutiques au 3ème étage et sa pataugeoire sur le toit. En février 2012, l’appartement de Bonne Maman brûle intégralement dans un incendie. Je décide alors de refaire des images de cette maison disparue.
Je commence donc par filmer de manière obsessionnelle l’appartement se reconstruire « à l’identique Le Corbusier », mais je filme aussi ses couloirs, son toit, son hall d’entrée... car pour moi la maison de Bonne-Maman ne s'arrête pas au pallier de son appartement. Or plus je filme, plus je tombe dans des copies en apparence identiques mais radicalement différentes de la maison familiale. A tous les étages, la Cité se démultiplie pour se donner en spectacle. Là où Bonne-Maman avait l’habitude de faire sa gym, se dresse une œuvre d’art contemporaine devant laquelle est interviewé un designer à la mode et son chien. Là où Bonne-Maman faisait ses courses, des touristes attendent leurs visites guidées pour venir « s’approprier l’Esprit Le Corbusier ». Là où Bonne-Maman fait sa cuisine, des polonaises ravies et en chaussons écoutent la formidable invention de la cuisine ouverte sur le séjour pour libérer la femme. Pour moi, la cité de ma grand-mère ne tourne plus très rond, elle n’est plus seulement la « machine à habiter » désirée par l’architecte. Elle doit également donner 365 jours par an et à un public de plus en plus nombreux une représentation idyllique des années 50. Finalement, si le film commence par un drame, je crois avoir fait une comédie documentaire.